2016
COEXISTENCES FÊTE SES 10 ANS
VOYAGE ET RENCONTRES ENTRE ISRAEL ET PALESTINE
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VOYAGE ET RENCONTRES ENTRE ISRAEL ET PALESTINE

coexistences fête ses 10 ans

octobre 2016 / DES RENCONTRES éMOUVANTES

Le projet autour de cet anniversaire a été élaboré depuis 2014. Il avait pour but de réunir toutes les personnes ayant été invitées en Suisse en dix ans, de ressouder les liens établis alors, de mobiliser à nouveau les énergies ici et là-bas, et de favoriser de nouvelles rencontres car les différents groupes ne se connaissaient pas entre eux.

Trente réunions de travail ont été nécessaires pour parvenir d’une part, à réunir 40 membres ou sympathisants de l’association répartis en quatre groupes pour quatre régions en Israël et en Palestine. Et d’autre part, sur place, pour renouer des contacts qui ont permis à environ 130 personnes parmi celles qui ont été accueillies en Suisse de participer, dont autant d’Arabes que de Juifs. Laissez-vous entraîner dans un « road movie » signé Edgar Bloch.

Un moment intense entre Israël et Palestine


Durant quelques jours, Massimo, responsable de l’équipe d’organisation des dix ans de Coexistences, Carole, membre de cette même équipe, Alain, rédacteur photo du périple, et votre serviteur ont sillonné la région en voiture pour aller retrouver tous nos amis reçus lors de séjours en Suisse et résidant entre Galilée, Haïfa, Jérusalem et Territoires palestiniens; ils ont rejoint les membres de Coexistences invités par les personnes et familles de diverses organisations qui sont venues en Suisse entre 2006 et 2016. Un périple qui s’est achevé par la rencontre inoubliable de quelque 170 personnes dans l’écrin de Kfar HaNokdim, un site touristique qui jouxte un village bédouin en Israël, aux confins du désert de Judée, sur la route entre la ville d’Arad et Massada. En route.

Zikhron Ya’akov dimanche 23


Nous y rejoignons les deux groupes suisses partis dans le nord pour Haïfa et la Galilée. Zikhron Ya’akov est une cité distante d’une trentaine de kilomètres au sud de Haïfa, à proximité de la côte méditerranéenne, et point de départ de notre cheminement. Les retrouvailles se font dans la demeure de la famille de Dafi, l’un des piliers de Tali. Les enseignantes et enseignants nous accueillent avec enthousiasme et, quelques minutes plus tard, entraînent les convives suisses à assister à un office religieux dirigé par un jeune rabbin dynamique, dans une synagogue « conservative » (mouvement libéral juif, minoritaire en Israël). Moment de partage où la sortie de tous les rouleaux de la Torah, portés aussi bien par des hommes que par des femmes, s’effectue avec des chants et une allégresse propres à cette fête. La longue procession emprunte même un moment le couloir de l’EMS attenant à l’édifice religieux : les personnes âgées ne sont pas oubliées !
Retour chez Dafi pour partager sur sa belle terrasse un somptueux repas canadien. Impossible de résister ! En fin de soirée, Ziv Deshe, le mari de Dafi, maire de Zikhron Ya’akov bourgade de 25.000 âmes, nous fait découvrir sa ville. Chemin faisant, il nous fait comprendre combien le travail effectué par son épouse et le groupe Tali ont ouvert son esprit au dialogue, lui, un homme de droite, membre du parti Likoud. « C’est essentiel pour parvenir à des solutions. Il n’existe pas d’autre alternative », admet-il.

Haïfa, lundi 24


Le lendemain matin, après une baignade rafraîchissante et une courte balade avec les enseignantes de Tali sur la plage de Nahsholim près de Zikhron Ya’akov, cap sur Haïfa et rendez-vous sur la terrasse de Beit HaGefen. Dans ce centre, oasis de dialogue et de discussion reconnu depuis des décennies dans la cité, nous retrouvons Asaf, le directeur, accompagné des facilitatrices Ulfat et Sarki, dont les familles d’accueil des adolescentes de Her Voice 2016 se souviennent encore. Ces jeunes filles ne forment d’ailleurs qu’un des dix groupes de jeunesse que Beit HaGefen a mis sur pied cette année. Le travail ne manque pas car, explique Asaf, « les Juifs ne connaissent pas grand-chose des Arabes, alors que ces derniers en savent un peu plus en raison de leur statut de minoritaires ». Combattre l’ignorance de l’autre justifie en soi l’édification de cette plateforme. En traversant une exposition consacrée aux œuvres de quinze artistes juifs et arabes, l’hôte des lieux rappelle que Haïfa reste la cité la plus ouverte à l’intégration dans le pays. Beit HaGefen, financé à 50% par la Municipalité, développe des activités de dialogue sur d’autres thèmes que le seul conflit israélo/palestino/arabe comme les études de genre ou la maltraitance. Le but avoué du centre consiste à célébrer la différence.
Après la visite du théâtre de Beit HaGefen, en face du bâtiment principal, nous nous enfonçons tous dans les ruelles du quartier arabe de Wadi Nisnas. Un bref accueil dans une famille arménienne qui tient une échoppe de céramique nous rend conscients de la précarité dans laquelle vivent les membres de cette petite minorité réduite aujourd’hui à 90 familles à Haïfa. Ils sont partagés entre leur grande loyauté envers Israël et le sentiment diffus de se sentir un peu décalés dans ce pays, même s’ils assurent s’y sentir très bien. Wadi Nisnas avec ses belles maisons arabes, ses boutiques, ses échoppes, tel ce magasin d’instruments de musique orientale où nous nous arrêtons un court instant, semble un endroit protégé, hors du temps, avec peu de touristes et à l’abri des soubresauts vécus quotidiennement dans le pays.


Akko, mardi 25


Le jour d’après, nous nous rendons à Akko (Saint Jean d’Acre). Dans les jardins du musée municipal de l’ancienne capitale croisée, nous partageons une savoureuse collation avec les Femmes en Mouvement qui habitent villes et villages de Galilée. Elles sont 25, assises tranquillement à l’ombre d’un arbre et, les unes après les autres, exposent publiquement leur motivation pour le dialogue.

« Le voyage en Suisse de notre groupe a renforcé notre motivation », assure Zahava. De toute évidence, ces femmes sont très soudées. « Ce travail me donne la force de lutter contre ma maladie », témoigne Faida. Femmes, mères, grands-mères, arrière-grands-mères de familles nombreuses, se sentent-elles investies du rôle de transmission de la coexistence ? « Ma fille, qui parle beaucoup de langues, m’a dit qu’elle voulait apprendre l’arabe et les deux autres sont fières de ce que je fais », explique Ohra. « J’habite tout près du village arabe de Sakhnin, mes enfants ont passé des moments ensemble dans des campements de jeunesse juifs et arabes », explique Simona. « J’ai été éduquée à Haïfa et mes parents ont toujours été sensibles à une bonne relation entre juifs, chrétiens et musulmans », relate Houda qui réside dans la bourgade de Shfar’am où vivent chrétiens, musulmans et druzes. « En compagnie de ma petite-fille âgée de 7 ans, ma fille a participé à la Marche pour la Paix », indique Yaël, native du Maroc, résidente aujourd’hui de Galilée, et d’évoquer avec nostalgie le temps superbe de la coexistence entre Juifs et Arabes dans son pays natal. Mais la posture du dialogue ne va pas toujours de soi dans son environnement familial et avec ses propres enfants. Zahava est la première à admettre que son fils, qui vit dans la colonie juive de Goush Etzion, dans les Territoires palestiniens, considère sa démarche comme insensée. Les enfants arabes réagissent également aux images de violence sur le conflit diffusées à la télévision israélienne. Mais, grâce à leur travail de dialogue, les mamans arrivent à relativiser.

Jérusalem, mardi 25


Une fois achevée la visite du musée municipal, qui relate l’histoire récente de la ville d’Acre, nous prenons congé, à regret, des Femmes en Mouvement. Notre route nous mène à Jérusalem. Arrivés le soir au restaurant, nous retrouvons avec plaisir le groupe de Jérusalem conduit par Sylvie, aussi enthousiaste qu’à l’accoutumée, et celui de Cisjordanie animé par Jamal et Gadi. Les deux groupes ont partagé les activités de la journée. Après le repas, Hamutal, membre du programme du YMCA de Jérusalem, entend nous faire partager une nouvelle dimension des tensions. Après avoir passé sa jeunesse à Haïfa, elle a choisi de vivre à Jérusalem « car c’est là le cœur du conflit ». Juive, activiste de gauche assumée et non violente, elle s’oppose avec ses amis israéliens et palestiniens à la destruction des maisons de ces derniers. Elle participe à « Free Jerusalem », une association qui relie Israéliens et Palestiniens de Jérusalem-Est et Ouest, les deux populations s’ignorant, selon elle. Il faut tenir compte des suspicions des Palestiniens envers leurs propres activistes, auxquels ils reprochent d’être les complices d’une « normalisation en acceptant l’occupation ». De l’autre côté, les manifestants juifs ne sont pas mieux perçus par la majorité des Israéliens qui ne comprennent pas pourquoi ils défient leurs soldats. « Nous sommes déprimés, mais nos actions prennent tout leur sens sur la durée. L’éducation par le dialogue, c’est notre espoir pour la prochaine génération », espère la jeune femme. Un brin plus optimiste, Anwar lui succède et commence : « Impossible de changer la perception de la réalité si on ignore l’histoire de l’autre. Il faut déjà commencer par apprendre la langue de l’autre ». Résident de Jérusalem-Est, il a épousé une juive israélienne et est papa d’un enfant d’un an et demi. Autant dire que dialogue et coexistence sont vitaux pour lui. À ses yeux, le conflit ne trouvera une solution qu’à condition de parvenir à libérer les Israéliens de leur sentiment de peur. Même s’il ne se nourrit pas trop d’illusions, il tente d’assouplir le point de vue des autorités de l’État hébreu et confesse même être parvenu à adoucir, voire infléchir, le point de vue du président d’Israël, Reuven Rivlin en personne, dont il est le professeur d’arabe.

Cisjordanie, mercredi 26


Nous empruntons la route 60 entre Jérusalem et Hébron dans les Territoires palestiniens et longeons d’abord Bethléem, puis Beit Jala. Nous attendons le groupe de Cisjordanie et pénétrons ensemble dans le camp palestinien d’Al Aroub, peuplé de 12.000 résidents. Abdel, le responsable de l’UNWRA, l’organe d’assistance des Nations Unies chargé de l’aide aux réfugiés palestiniens, nous accueille à l’entrée du camp. « Notre situation est de plus en plus mauvaise. Nos dirigeants sont faibles et désunis et les politiciens israéliens ne nous concèderont rien », se plaint-il. La visite du camp accompagnée des employés palestiniens de l’UNWRA, s’avère aussi riche qu’émouvante. Nous traversons le camp à l’heure de la sortie des écoles, en fin de matinée. Des grappes d’élèves, pour la plupart des fillettes vêtues d’uniformes scolaires stricts, rayés noir et blanc, nous entourent et nous saluent avec chaleur et enthousiasme. Un peu plus loin, nous entrons dans un centre pour personnes handicapées où notamment 40 enfants, dès l’âge de 6 ans, sont soignés. Logopédistes, enseignants et professeurs de sport s’occupent de celles et ceux qui marchent et/ou s’expriment avec difficulté. Une « équipe pour la paix » pratique même du sport handicap, nous explique Taisir, qui nous accompagne dans Al Aroub. Lui-même, travailleur volontaire du centre, est très engagé dans la promotion de ces activités physiques. L’argent provient notamment de dons privés récoltés lors de fêtes religieuses.

Après cette visite, retour en direction de Jérusalem, toujours par la route 60. À un embranchement du giratoire de Goush Etzion, nous nous arrêtons dans les terres d’Ali Abu Awwad, co-fondateur de l’ONG Roots. Après un repas en compagnie du groupe de Cisjordanie, nous écoutons, sous un chaud soleil de fin d’octobre, les propos et débats des activistes de la paix, liés par leur désir de non-violence, de solidarité et d’amitié. Parmi quelques récits marquants, retenons celui de l’Israélien Gershon Baskin, invité en Suisse par Coexistences en 2009 où il officiait comme animateur du groupe Wounded Xrossing Borders (anciens combattants israéliens et palestiniens blessés et prisonniers) et également intermédiaire dans le cadre de la libération en 2011 du soldat israélien Guilad Shalit détenu par le Hamas. Baskin souhaite voir une économie palestinienne autonome. « Mahmoud Abas m’a dit : on ne manque pas de soleil ici, faisons donc de la Palestine le champion de cette énergie ». C’est la raison pour laquelle notre interlocuteur s’implique actuellement dans un projet d’énergie solaire en Palestine avec l’aide d’une société néerlandaise spécialisée dans cette source renouvelable. Il croit encore fermement en une solution à deux Etats : Israël et la Palestine. « Pour cette réalisation, un leadership israélien surtout, mais aussi palestinien, devrait voir le jour. Il faudra également une assistance de l’extérieur », pense-t-il. D’autres membres de Wounded Xrossing Borders, anciens combattants palestiniens, s’expriment à tour de rôle. Certains rappellent que leur voyage en Helvétie a permis de faire tomber des barrières entre des membres de Wounded Xrossing Borders, ce qui n’est pas évident après des séjours répétés dans les geôles israéliennes. « Il n’y a pas d’autres solutions que la paix, mais l’occupation israélienne empêche d’entreprendre des pas dans cette direction », regrette Khaled. Après avoir ferraillé contre Israël avec une kalachnikov et perdu un frère tué lors d’un contrôle à un point de passage gardé par les soldats, Ali Abu Awwad est clair : « Notre stratégie doit être fondée sur des valeurs et sur un mouvement de non-violence. » Il ne se nourrit toutefois d’aucune illusion pour l’heure, les populations dans leur majorité rejetant une telle démarche. Le conflit ne se fonde pas sur des identités, mais sur des comportements : « Les Israéliens doivent être courageux et reconnaître les Palestiniens, mais ces derniers sont confrontés au même défi. À eux de se battre pour créer une société plus morale qui aboutira à deux Etats. » Roots se distingue car elle associe pleinement à son travail les colons israéliens installés dans les Territoires palestiniens, comme Shaoul Yudenmann, juif américain, dont les signes extérieurs révèlent l’obédience orthodoxe. Il fait part à l’assemblée de son sentiment « d’être rentré à la maison en Judée » en 2000, lorsqu’il s’est installé dans les Territoires palestiniens. Pour lui, il est nécessaire de changer le concept. « Au lieu de dire : la terre appartient aux Juifs ou aux Palestiniens, il est préférable de signifier le contraire : les Juifs et les Palestiniens appartiennent à cette terre. »

Autant d’avis et d’opinions dans un climat politique de plus en plus tendu et oppressant. Ces partisans de la non-violence, « bricoleurs d’espérance », selon le terme employé par Samy Cohen, directeur de recherche à Sciences Po Paris*, sont minoritaires et fragmentés en de multiples groupes aux objectifs divers. Sans doute qu’un premier jalon consisterait à favoriser une unification de tous ces points de vue autour d’un objectif un tant soit peu commun : la coexistence.

Jérusalem – Jéricho, jeudi 27


Après une visite de l’hôpital Hadassah en compagnie du groupe de Jérusalem, nous nous rendons à la Cour suprême, à quelques pas de la Knesset (le Parlement israélien). Là se tient le jugement d’un détenu administratif. Il s’agit d’une personne soupçonnée de terrorisme et incarcérée des mois, voire des années souvent, sans jugement. Malheureusement, faute de temps, nous devons quitter la salle avant d’avoir pu assister au verdict. Nous abandonnons le groupe de Jérusalem et descendons vers Jéricho, la ville la plus basse de la terre. Là, escortés par le bus du groupe Cisjordanie, nous arrivons dans un magnifique espace à l’accueil chaleureux, la Mud House, pour y passer la nuit après une soirée à Ramallah, où nous avons assisté à la présentation du mouvement palestinien Two States, One Homeland. Une présentation suivie d’échanges de points de vue contradictoires, voire polémiques, mais riches et vigoureux.

Kfar HaNokdim, vendredi 28


Après une courte nuit, départ de Jéricho, tôt le matin et sur les chapeaux de roues, pour Kfar HaNokdim. Nous roulons vite et longeons la Mer Morte, puis bifurquons sur Arad avant de rejoindre ce site magnifique, planté en plein désert montagneux, à quelques kilomètres de l’antique forteresse de Massada, nid d’aigle qui surplombe la Mer Morte. Danielle et Massimo, responsables du choix du site, ont de bonnes raisons de vouloir y être avant tout le monde. Loger et nourrir tous les invités n’est pas une sinécure.

Nous profitons de ces quelques heures d’avance pour organiser les choses, explorer et prendre possession des lieux. Puis, les deux bus, l’un parti du nord avec les groupes suisses et leurs hôtes de Haïfa et de Galilée, l’autre en provenance de Jérusalem, arrivent à Nokdim. Rapidement, les convives, toutes générations confondues, s’installent. Certains dormiront en chambre, la plupart sous tente, hommes et femmes étant bien entendu séparés. Nous sommes 170 au total, mais, fait à souligner, si les Juifs et les Arabes se partagent équitablement la scène, les femmes la dominent largement.

Les festivités débutent en ce vendredi après-midi, sous la responsabilité du groupe Sulha. Les rassemblements en divers cercles, « marque de fabrique » de ce groupe, vont se perpétuer jusqu’en fin de matinée du samedi. Yoav Peck, directeur de Sulha ouvre les réjouissances. « Chacun de nous présent en ces lieux est conscient que le séjour passé à Lausanne nous a renforcés. Vivez ce moment avec vos émotions, vos soucis et vos frustrations. Nous traversons une période difficile en Israël et en Palestine et beaucoup d’entre nous en souffrent. Certains sont dans l’impossibilité de se voir et de communiquer », dit-il, faisant allusion aux sept Palestiniens de Cisjordanie attendus et dont les demandes de permis ont été déposées en bonne et due forme. Mounir et Foul ont pourtant essuyé un refus, trois autorisations ont été accordées. Seuls Jamal, qui, lui, est au bénéfice d’un permis de six mois, et le frère de Wadi nous ont rejoints. La mort d’un adolescent palestinien de Beit Ommar, tué lors d’un affrontement avec les militaires israéliens a pesé lourd ici…

Lors de la session, certains membres de l’assemblée s’expriment à tour de rôle. Petit bémol, si le recours à l’anglais et l’hébreu va de soi, la traduction en langue arabe fait quelque peu défaut, même si les organisateurs tentent de faire face à ce problème. Puis, Yoav, sous la supervision de ses animateurs de Sulha, rompus à l’exercice, divise la session en cercles plus réduits. Les participantes notamment de Breaking The Ice, Her Voice, Femmes en Mouvement, Programmes du YMCA de Jérusalem et les membres de Coexistences, en fonction de leur périple en Israël ou en Palestine s’expriment sur ce voyage, leurs attentes et leurs difficultés, oscillant entre espoir et dépit. Le soir, après le feu tribal et l’entrée du shabbat, tout le monde se restaure.
Plus tard, moment émouvant, nous voilà tous rassemblés sous les étoiles du ciel du désert de Judée pour nous recueillir et avoir une pensée pour Jan de Haas, initiateur du projet.

Kfar HaNokdim, samedi 29


Réveil très matinal, certains en profitent pour jouir de la beauté du lever du soleil à Massada, d’autres pour s’adonner aux joies du yoga, un exercice conduit par Lisa de Sulha. Après un solide déjeuner, les activités reprennent, les cercles se reconstituent avec les Israéliens, les Palestiniens, les Suisses. C’est là que Sylvie m’apprend qu’après l’explosion du programme des mères du YMCA de Jérusalem en 2008, faisant suite à la guerre entre Israël et Gaza, des réunions se sont à nouveau déroulées, mais en l’absence de deux mamans, le fils de l’une d’entre elles se montrant hostile à tout contact avec Israël. Or, la réunion pour la préparation des dix ans a permis de sceller une magnifique réconciliation, chacune tombant dans les bras de l’autre et jurant de ne plus jamais se diviser… Une lueur dans la nuit.

Pendant la pause, réunissant tous les invités sous une tente, Carole, en présence des réalisateurs Moriya Benavot et Uri Levi nous expliquent la démarche du concours In Between, dont le documentaire projeté servira de point de départ. Ce court-métrage, le témoignage de trois Palestiniens et trois Israéliens investis dans le dialogue, a été envoyé à toutes les écoles d’art et de cinéma tant en Israël qu’en Palestine. Les étudiants dont les scripts ont été sélectionnés (treize après un premier jury) devront réaliser un film très court d’une minute environ sur le thème du dialogue dans le conflit. Les trois meilleurs seront primés et diffusés de façon massive sur la Toile et les réseaux sociaux. Ce travail est coordonné en Israël par Shira Lapidot et a obtenu le soutien du Sapir College de Sdérot.

Mais déjà le moment de la séparation approche. Après le récital du chœur mixte du YMCA de Jérusalem (jeunes filles et jeunes gens, Israéliens et Palestiniens sous la conduite de Micah Hendler), venu spécialement de la ville sainte pour nous régaler de ses chants mélodieux en arabe, en hébreu et en anglais, tout s’achève et Lisa me murmure à l’oreille, les yeux mouillés : « Quoi, c’est déjà fini ? » eh oui, la parenthèse se referme. Mais nous appuierons les efforts consentis par tous nos amis pour la faire s’ouvrir à nouveau.

Un dernier mot pour exprimer ici nos remerciements aux membres du groupe de préparation des dix ans, Massimo, Carole, Danielle, Fiuna, Halina, François et Laurent, à Lausanne, à tous les correspondants de ce projet en Israël et dans les Territoires palestiniens, Eva, Zahava, Ulfat, Sylvie, Asaf, Jamal et Gadi, et à toutes les familles d’accueil en Israël et en Palestine. Sans ces personnes, ce moment empreint de gravité, d’émotion et de grande beauté n’aurait jamais pu se dérouler.

Edgar Bloch (collaboration Danielle Bloch)








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