Journey to Healing
7-15 août 2024
À l’ombre des massacres du 7 octobre 2023 et de la guerre dévastatrice menée à Gaza, dans un contexte de tension permanente et de difficultés majeures à s’exprimer librement, Ulfat Haider a proposé d’offrir à un groupe mixte de femmes actives dans le travail social la possibilité d’un séjour en Suisse. En effet, dans une période très brutale et guerrière, nombreux·ses étaient, et continuent à l’être, celles et ceux en Israël qui désespèrent et se sentent pris dans une impuissance paralysante. De nombreux·ses participant·e·s aux manifestations contre la réforme judiciaire et qui étaient à l’origine de programmes pour le changement social sont épuisé·e·s, isolé·e·s et/ou inactif·ve·s. La guerre et la répression des manifestations ont un effet pétrifiant sur l’engagement social.
Le séjour avait pour objectif de permettre aux participantes de retrouver leurs forces, de soigner et retrouver leurs ressources personnelles et collectives afin de poursuivre leur engagement social. Partager les bouleversements que la guerre a entrainé dans leurs vies et revisiter leurs chemins individuels devait leur permettre de s’identifier à nouveau aux rôles qu’elles souhaitent remplir dans cette période d’immenses défis. Cette fois-ci, contrairement aux autres séjours que nous organisons et parce que la situation est particulière, le travail de dialogue a été mis entre parenthèses.
Le groupe a été rassemblé dans un délai bref, constitué in fine de 11 femmes, 7 arabes d’Israël et 4 juives israéliennes (une juive israélienne ayant renoncé à la dernière minute, inquiète par le potentiel de guerre au Liban), d’âges très divers. Le séjour en Suisse s’est déroulé exclusivement en montagne sur six jours, sans séjour en familles d’accueil. Pour compenser cette absence, une rencontre avec les membres de Coexistences a eu lieu quelques jours après leur arrivée. Onze femmes et les deux facilitatrices Ulfat Haider et Yaël Maayan (qui a facilité le séminaire 2 des facilitateurs) ont ainsi séjourné dans le beau chalet généreusement prêté par notre nouvelle membre Nicolette Manson.
Le séjour a alterné journées d’excursions et travail interne. En ce qui concerne les marches, le niveau de difficulté physique a été modéré, afin que toutes puissent y participer et ainsi bénéficier du contact avec la nature. Quant au travail interne, Ulfat et Yaël ont organisé des activités de réflexion et de reconnexion autour de la terre, du feu, de l’eau et de l’air avec nombre de rituels qui constituaient autant de sujets de partage et de constitution de la dynamique du groupe. Au cours de la première excursion, qui s’est terminée autour d’une fondue et d’une raclette, Nicolette Manson et Valérie Jennings de Coexistences leur ont fait découvrir la Galerie Défago à Champéry.
Le lendemain, après une matinée de travail, la rencontre avec les membres de Coexistences a été enrichissante pour tou·te·s : quelque dix membres ont fait le déplacement en pleines vacances d’été, régalé·e·s par les participantes qui leur avaient préparé un dîner délicieux et une présentation très touchante. Les échanges informels en petits groupes de deux ou trois se sont prolongés et ont été riches pour tous. Le jour suivant elles ont découvert le lac de Chésery et le lac Vert au-dessus de Morgins au cours d’une course un peu plus ardue mais magnifique. Une autre excursion les a emmenées à la Dent de la Valerette au-dessus de Chindonne (dans le brouillard tout au long de l’excursion). Enfin une dernière balade s’est déroulée à la passerelle à Farinet au-dessus de Saillon, suivie de quelques heures aux bains; il fit très chaud ce jour-là!
Le dernier jour a été consacré à une après-midi de découverte de Lausanne, du Château à la Cathédrale puis à la place de la Palud, suivi d’un temps d’exploration libre. Véronique Rochat de Coexistences leur a offert en fin de journée un apéritif dans sa maison offrant une vue époustouflante sur le lac. Les participantes sont rentrées le lendemain tôt tandis qu’Ulfat et Yaël sont restées un jour et demi de plus.
En conclusion, l’objectif de « restauration de l’énergie » et de détente a été atteint et a permis d’alimenter leur résilience individuelle et de groupe. Les participantes sont reparties en se décrivant comme une famille, ce qui veut dire que les liens ont été tissés et qu’un « nous » s’est constitué. Une transmission s’est faite entre ces femmes de différentes générations. Compte tenu du contexte, nombre d’entre elles ne se réjouissaient pas de rentrer au pays : alors qu’habituellement le groupe est le lieu d’incertitude, actuellement c’est le pays qui l’est devenu.
BRAVO à ces femmes courageuses qui continuent d’affronter la guerre en cours.
Ce projet a été possible grâce à l’implication d’un groupe de travail exclusivement féminin constitué de Valérie Jennings, Nicolette Manson, Véronique Rochat, Halina Sandri Rabczynska, Caroline Vuillemin et Fiuna Seylan Ongen. Merci à toutes pour leur disponibilité, leur enthousiasme et l’immense gentillesse et attention avec lesquelles le séjour a été préparé et le groupe accueilli, véhiculé et bien d’autres choses, en somme « porté ». Nous remercions très chaleureusement la Fondation Moser pour sa précieuse donation et Nicolette Manson pour le prêt de son chalet formidablement accueillant.
