YOUNG AMBASSADORS FOR PEACE / FORUM DES PARENTS ENDEUILLÉS

2-11.06.2023

Quatorze jeunes de chaque communauté d’Israël, de Jérusalem et de Cisjordanie, deux interprètes et deux facilitatrices ont séjourné dix jours en Suisse, en chalet puis en familles d’accueil afin d’approfondir, loin du conflit, leurs liens et leur vision de devenir les futurs membres du Forum et des ambassadeurs pour la paix. Une conférence a été donnée le samedi 10 juin 2023 à Lausanne.

Le Forum des Parents Endeuillés ou PCRF est une organisation binationale proéminente de la société civile née au début des années 2000. Elle est l’unique organisation qui réunit 600 familles des deux bords, toutes touchées au plus près par un deuil, que ce soit celui d’un enfant, un père ou une mère, un frère ou une sœur ou un oncle ou une tante. Le Forum organise de nombreuses activités : présentation dans les écoles dans le pays, dialogue interne, éducation, plaidoyer à l’international, et est à l’origine d’un évènement annuel, l’Alternative Memorial Ceremony, qui honore la mémoire des pertes des deux peuples. Au début suivie par quelques centaines de personnes, la cérémonie en attire désormais plus de 17'000 sur place et quelque 300'000 en ligne dans le monde. Parmi ses activités, le Forum a développé le programme Young Ambassadors for Peace il y a quatre ans afin d’offrir un espace de développement au leadership pour les jeunes du réseau.

ARRIVÉE ET SÉJOUR EN MONTAGNE
Le groupe que nous avons accueilli cet été travaille depuis deux ans. Quatorze jeunes, sept Israéliennes et un Israélien et six Palestiniens ont pu prendre part au voyage, deux autres Palestiniens ne se sont pas vu délivrer leurs visas suisses. Le groupe est arrivé vendredi 2 juin et a séjourné en familles d’accueil jusqu’au 4 juin. Chacune des familles a passé de beaux moments lors de la soirée de réception et la journée en famille du lendemain a permis de faire mieux connaissance. Le groupe est ensuite parti séjourner en chalet du 4 au 8 juin aux Diablerets et a vécu cette expérience unique d’une coexistence intense au travers de moments organisés par les facilitatrices et de beaucoup de temps informel autour de la préparation des repas et l’entretien du chalet. Ils et elles ont travaillé en groupes sur leur pratique de témoignage, réfléchi à la façon de réaliser des petites vidéos pour faire connaitre leur programme sur les réseaux sociaux et élaboré des jeux pour le camp d’été annuel destiné aux enfants entre 8 et 12 ans du réseau. Ces jeux, inspirés de leur expérience de vie commune ici en Suisse, visent à apprendre des mots dans les deux langues, et abordent des sujets qui stimulent l’entre-connaissance. Cette vie commune ininterrompue de quatre jours leur a permis d’approfondir leur connaissance de l’autre, d’expérimenter concrètement ce que pourrait être une vie commune et a renforcé les relations au sein du groupe. Deux excursions et une présentation du système politique suisse ont été organisées par des membres de Coexistences. La présentation de l’histoire de la Suisse et de son système politique a soulevé des questions vives et pertinentes. Radicalement différent de leur expérience propre, le système d’autonomie cantonale, l’existence de quatre langues nationales permettant à des cultures locales et religieuses de cohabiter, les nombreux centres, politique, économique, international, sont autant d’aspects qui ont suscité de l’espoir au sein du groupe. Les membres accompagnants ont été témoins de l’égalité de traitement entre participants, de la reconnaissance réciproque et du rapprochement que ces séjours en terre helvétique permettent.

EXCURSION, FORMATION, COMMUNICATION

Le jeudi 8 juin, nous les avons emmené·e·s visiter Berne (visite guidée avec accent sur le Parlement Fédéral) où ils et elles ont rencontré M. Mario Carrera (ancien diplomate au DFAE et responsable DDC) puis visité la Maison des Religions, qui les a interpellé·e·s.

Nous sommes enfin extrêmement fier·e·s d’avoir pu leur offrir deux jours à l’IMD, école de management de premier rang, où sept professeur·e·s ont dispensé 5 master classes sur les thèmes suivants :
1   s’autoriser son leadership en tant que leader de la paix
2   comment mener des conversations difficiles et constructives
3   construire une stratégie de communication
4   gérer son stress et construire sa résilience
5   construire un récit fédérateur

Le groupe s’est senti traité comme des VIP et des adultes, ce qui les a responsabilisé·e·s. Ils et elles étaient inspiré·e·s, engagé·e·s et ont immensément apprécié les cours. En fin de journée, vendredi 9 juin, le groupe a donné une conférence publique à l’IMD devant un public d’une quarantaine de personnes, conférence retransmise en direct auprès de quelques 1000 anciens élèves de l’IMD.
Le samedi 10 juin a eu lieu la soirée d’adieu qui fut un très beau moment de remerciements chaleureux et de joie complète.
Le groupe a été suivi par une équipe de la RTS dans le cadre d’un reportage de Stéphane Amar diffusé à l’occasion des 30 ans des accords d’Oslo. Il a été diffusé dans l’émission Mise au Point sur la RTS le dimanche 27 août : "Des Romands tentent de faire avancer la paix .

REMERCIEMENTS

Nous remercions vivement la Fondation Sandoz qui a financé l’entier du séjour des Young Ambassadors for Peace ainsi que Shlomo Ben Hur et la direction de l’IMD qui ont permis la réalisation des deux jours de cours ciblés à l’IMD. Notre reconnaissance va à tous les bénévoles engagés dans le succès de ce séjour : Dominique Benmuvhar qui a présidé au repas de bienvenue, Halina Sandri qui a coordonné les familles d’accueil, Daniela et David Hersch qui ont accompagné le groupe durant son séjour à la montagne, François Feihl et Massimo Sandri qui se sont joints à leurs excursions, Franzi Lehman, Valérie Rochat et Céline Rozenblat qui se sont chargées de plusieurs réservations et ont réalisé le diner d’adieu ainsi que les familles d’accueil qui ont ouvert avec générosité leurs foyers aux participant·e·s, aux deux interprètes et aux deux facilitatrices : Robin et Schlomo Ben Hur, Geneviève et George Conne, Delphine et Ariel Friedman, Daniela et David Hersch, Miriam et Paul Kuelling-Lazega, Marion Mendelzweig, Can Ongen, Sophie Poffet, Véronique et Jacques Rochat et Caroline Vuillemin.

DEPUIS LEUR RETOUR
Compte tenu de la situation sur place (manifestations massives en réponse à une tentative de réforme judiciaire, situation dans les TPO), ils et elles se sont retrouvé·e·s en signe de solidarité, ils et elles sont proactif·ve·s et mobilisé·e·s dans toutes les demandes de bénévolat que le Forum leur fait, un clair changement par rapport aux participant·e·s des années précédentes. Ils et elles demandent également un programme de suivi/d’alumni.

Surtout, tous et toutes ont participé au camp d’été que le Forum organise chaque année au mois de juillet depuis 8 ans (sauf deux participants interdits d’entrée en Israël). Ce camp d’été réunissait 50 enfants entre 8 et 12 ans d’Israël et de Cisjordanie. Il a été, selon leurs facilitatrices et leur donatrice qui y a pris part, le plus réussi de toutes les années. Ils et elles y ont démontré et exemplifié, par leur comportement et leurs rapports les un·e·s avec les autres, ce que peuvent être des relations de confiance, de solidarité et de respect entre Israélien·ne·s et Palestinien·ne·s.

Le groupe a participé le 21 septembre 2023 à la journée UN International Peace Day et en a signé la charte.

PROCHAINES ÉTAPES
•    Ils et elles vont recevoir une formation en vidéo TikTok pour améliorer la qualité de leurs films visant à faire connaître leur action sur ce réseau social, et les jeux d’entre-connaissance utilisés durant les camps d’été ;
•    La professeure en stratégie de communication de l’IMD leur a offert deux autres classes à échéance de 3 et 6 mois pour les aider dans le développement de leur stratégie sur les réseaux sociaux ;
•    Le programme Young Ambassadors for Peace qui était menacé de disparition continue ; les facilitatrices sont en cours de recrutement d’un nouveau groupe ;
•    Les facilitatrices souhaitent revenir en 2024 en Suisse, avec un nouveau groupe, grâce à Coexistences.

Depuis le 7 octobre, malgré le choc et le désarroi, les retours de nos hôtes démontrent un grand sang-froid. Ils et elles ont tenu plusieurs réunions «uni-nationales» afin de pouvoir avancer et échanger leurs ressentis dans un cercle de parole protégé. De même une réunion mixte doit avoir lieu. Ainsi, le groupe remplit son rôle de réseau de soutien et de référence.

Fiuna Seylan Ongen, 9 novembre 2023