BREAKING THE ICE
28.08-5.09.23
Un nouveau groupe de douze étudiantes du Kibbutzim College de Tel Aviv, six Israéliennes et six Palestiniennes, est venu parcourir nos monts et apprendre à se connaitre plus intimement, loin du conflit.
Débuté en 2010, Breaking the Ice en est maintenant à sa 12e édition : douze jeunes filles, six juives et six arabes, toutes étudiantes en formation pédagogique au Kibbutzim College à Tel Aviv, sont venues randonner dans nos Alpes entre le 28 août et le 5 septembre. Elles étaient accompagnées de leurs facilitatrices, du côté palestinien Ulfat Haider comme toujours, et du côté israélien Liron Peleg. Responsable de veiller à l’harmonie des relations entre étudiant·e·s au Kibbutzim College, Liron a une longue expérience de la facilitation, connaît Ulfat depuis longtemps, et elle est très engagée dans notre projet. Son agenda chargé explique la durée relativement courte du voyage par rapport à d’autres années.
SÉJOURNER EN MONTAGNEComme à l’accoutumée, le séjour a été basé à La Fouly. Nouveauté, les participantes et leurs facilitatrices étaient logées dans un chalet loué par Coexistences, où elles ont aussi préparé leurs repas et ont tenu une partie de leurs sessions. Toujours généreusement mis à disposition, le chalet des Kohler a permis de loger les membres de Coexistences désireux·ses de venir marcher un ou plusieurs jours avec le groupe. Hormis moi-même, sept personnes ont pu profiter de cette possibilité (contre deux l’année passée). Cet accroissement de l’implication de nos membres me semble une évolution positive.
VIVRE ENSEMBLEArrivées à Genève le 28 août en milieu de matinée, les participantes ont été accueillies par une délégation de Coexistences, puis transportées par les bus de la Protection civile à Lausanne, à l’École catholique du Valentin, où elles ont été accueillies par son directeur, Ahmad Abu Nijmeh, notre soutien de toujours. Lunch offert à la cantine de l’école, au cours duquel Ahmad leur a tenu une allocution en arabe (avec traduction vers l’hébreu par Ulfat ) qui les a beaucoup touchées. Vers 14h, prise en charge à nouveau par les bus PC et transfert à La Fouly, où une autre délégation de Coexistences attendait le groupe à son chalet de résidence. Celui-ci comportait deux appartements séparés, entre lesquels les participantes ont été laissées libres de se répartir. Petit couac, presque toutes les juives se sont retrouvées dans l’un, et les arabes dans l’autre… À revoir pour l’année prochaine !
MARCHER
Ont suivi six jours de randonnée, soit dans les environs immédiats de La Fouly, soit dans des endroits un peu plus éloignés (Champex, Mauvoisin, Gorges du Durnand, Grand Saint Bernard) après transport dans les véhicules privés des accompagnant·e·s membres de Coexistences. Notre guide a été comme d’habitude Nadja Schmidt, qui n’était cependant pas disponible les deux derniers jours où elle a été remplacée par sa collègue Marie-Jeanne Hugon Mettaz. Le programme de randonnée a dû être revu à la baisse, en raison de grandes difficultés à la marche en terrain raide rencontrées par Liron et l’une des participantes. Avec pour avantage de laisser de très larges plages pour les activités de dialogue.
DIALOGUER
Le processus de dialogue s’est déroulé selon le schéma habituel, quoiqu’en accéléré vu la durée restreinte du séjour. Début « doux », avec les quatre premiers jours consacrés au renforcement de la capacité d’écoute, à la stimulation des facultés d’empathie, et par-dessus tout à la construction de la confiance mutuelle. Ceci acquis, les thèmes plus durs ont été abordés les deux derniers jours : discrimination, narratifs, violence dans la société arabe… L’hébreu n’a pas été la langue de communication exclusive. L’arabe a très souvent été utilisé, avec traduction vers l’hébreu par Ulfat ou l’une des étudiantes palestiniennes. Dans le debriefing final, les participantes arabes diront l’expérience libératrice qu’a représenté pour elles la bienveillance qui les accueillait quand elles s’exprimaient dans leur langue. A l’exact inverse de ce qu’elles vivent dans leur pays.
DÉGUSTER ET SE DISTRAIRE
Au soir du dernier jour de randonnée s’est tenue la traditionnelle soirée fondue/raclette à l’auberge des Glaciers, où nous avons eu le plaisir de voir venir nos deux guides de l’épopée du Mont Blanc, Jean Troillet et Denis Ducroz. Le 4 septembre, transport de La Fouly à Lausanne par les bus PC. A midi, nouveau lunch offert par l’École catholique du Valentin, dans sa cantine. Ahmad a ensuite conduit les participantes dans un passionnant tour de son école, avec rencontre de professeur·e·s et visites de classe. Un moment fort pour ces futures enseignantes. La soirée d’adieu s’est tenue dans la cour de l’école, pour profiter de la température devenue enfin agréable après cette très chaude journée d’été. Les participantes ont diverti l’assemblée par une jolie démonstration de dabkeh, la danse traditionnelle palestinienne bien connue. Le matin suivant, après une dernière nuit passée sur les matelas de la salle de gymnastique de l’école, transport par les bus PC à l’aéroport de Genève, pour le vol de retour.
EN CONCLUSIONPour autant que je puisse en juger en ayant suivi le groupe au fil de ses activités, le voyage a été un succès. De retour en Israël, les participantes vont travailler, sous la supervision d’Ulfat et Liron, à transmettre leur expérience.
Cerise sur le gâteau, un team de la RTS a passé une soirée ainsi que la matinée du lendemain avec le groupe. Le reportage a été diffusé le 11 novembre 2023, dans le cadre de l’émission « Ensemble », offrant ainsi à Coexistences une couverture nationale:
Coexistences, partager une terre promise
REMERCIEMENTS
Pour finir, j’aimerais mentionner et remercier tous les soutiens qui ont rendu ce voyage possible :
• nos sponsors : Securitas Direct, Fondation Sandoz, Shai Maestro, Ville de Vevey ;
• Danielle et Pierre Kohler, qui mettent leur chalet de la Fouly à disposition ;
• Ahmad Abu Nijmeh, qui en plus de son charisme dans l’accueil du groupe, offre une importante aide logistique à Breaking the Ice ;
• la Protection civile vaudoise, pour les transports entre Genève, Lausanne et La Fouly, offerts gratuitement à Coexistences ;
• les conducteurs bénévoles de Coexistences, pour les transports entre La Fouly et le point de départ de certaines randonnées.
La situation qui prévaut depuis le 7 octobre pèse lourdement sur les participantes, notamment parce que le Kibbutzim College a fermé (il rouvrira le 24 décembre). Deux d’entre elles, Palestiniennes, ont eu maille à partir avec la justice en raison de propos critiques envers l’action armée à Gaza. Ulfat et Liron ont maintenu le contact avec chacune individuellement.
François Feihl, novembre 2023